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Le cierge
7 mars 2004
par Jean de la Fontaine
C’est du séjour des dieux que les abeilles viennent.Les premières, dit-on, s’en allèrent logerAu mont Hymette , et se gorgerDes trésors qu’en ce lieu les zéphyrs entretiennent.Quand on eut des palais de ces filles du CielEnlevé l’ambroisie en leurs chambres enclose,Ou, pour dire en français la chose,Après que les ruches sans mielN’eurent plus que la cire, on fit mainte bougie ;Maint cierge aussi fut façonné.Un d’eux voyant la terre en brique au feu durcieVaincre l’effort des ans, il eut la même envie ;Et, nouvel Empédocle aux flammes condamnéPar sa propre et pure folie,Il se lança dedans. Ce fut mal raisonné ;Ce cierge ne savait grain de philosophie.Tout en tout est divers : ôtez-vous de l’espritQu’aucun être ait été composé sur le vôtre.L’Empédocle de cire au brasier se fondit :Il n’était pas plus fou que l’autre.
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