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Le Berger et son troupeau
12 septembre 2004
par Jean de la Fontaine
« Quoi ? toujours il me manqueraQuelqu’un de ce peuple imbécile !Toujours le loup m’en gobera !J’aurai beau les compter ! Ils étaient plus de mille.Et m’ont laissé ravir notre pauvre Robin ;Robin mouton qui, par la villeMe suivait pour un peu de pain,Et qui m’aurait suivi jusques au bout du monde.Hélas ! de ma musette il entendait le son ;Il me sentait venir de cent pas à la ronde.Ah ! le pauvre Robin mouton ! »Quand Guillot eut fini cette oraison funèbre,Et rendu de Robin la mémoire célèbre,Il harangua tout le troupeau,Les chefs, la multitude, et jusqu’au moindre agneau.Les conjurant de tenir ferme :Cela seul suffirait pour écarter les loups.Foi de peuple d’honneur, ils lui promirent tousDe ne bouger non plus qu’un terme.« Nous voulons, dirent-ils, étouffer le gloutonQui nous a pris Robin mouton. »Chacun en répond sur sa tête.Guillot les crut et leur fit fête.Cependant, devant qu’il fût nuit,Il arriva nouvel encombre.Un loup parut : tout le troupeau s’enfuit.Ce n’était pas un loup, ce n’en était que l’ombre.Haranguez de méchants soldats :Ils promettent de faire rage ;Mais, au moindre danger, adieu tout le courage ;Votre exemple et vos cris ne les retiendront pas.
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