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Le Lièvre et la Perdrix
18 avril 2004
par Jean de la Fontaine
Il ne se faut jamais moquer des misérables,Car qui peut s’assurer d’être toujours heureux ?Le sage Ésope dans ses fablesNous en donne un exemple ou deux.Celui qu’en ces vers je propose,Et les siens, ce sont même chose.Le lièvre et la perdrix, concitoyens d’un champ,Vivaient dans un état, ce semble, assez tranquille,Quand une meute s’approchantOblige le premier à chercher un asile :Il s’enfuit dans son fort, met les chiens en défaut,Sans même en excepter Brifaut.Enfin il se trahit lui-mêmePar les esprits sortants de son corps échauffé.Miraut, sur leur odeur ayant philosophé,Conclut que c’est son lièvre, et d’une ardeur extrêmeIl le pousse ; et Rustaut, qui n’a jamais menti,Dit que le lièvre est reparti.Le pauvre malheureux vient mourir à son gîte.La perdrix le raille et lui dit :« Tu te vantais d’être si vite !Qu’as-tu fait de tes pieds ?"Au moment qu’elle rit,Son tour vient ; on la trouve. Elle croit que ses ailesLa sauront garantir à toute extrémité ;Mais la pauvrette avait comptéSans l’autour aux serres cruelles .
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